Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

transfenomenale

27 mai 2013

Les rois de Rennes

Samedi 15 mai

6e étape

Sables-d’or les pins – Rennes : 125 km

IMG_0934[1]

Plus forts que les Ti-Raleigh...

La dernière étape de la Trans est un vrai contre-la-montre par équipe. L’objectif fixé est impératif: le TGV de 17h33 pour Paris en gare de Rennes. A priori pour 125 km, ça laisse de la marge. Mais les jambes sont lourdes et les fesses sensibles. Avec les distances à rallonge du road-book et de notre moyenne famélique, c’est pas gagné d’avance. Et puis on se méfie de Gilles C. Depuis le départ, il a cassé un plateau, ses pédales, crevé… Il a quasiment un vélo neuf. On commence à le soupçonner de s’être infiltré dans la trans pour préparer en secret un guide des réparateurs de cycles bretons. Au premier cliquetis de travers, on le fout dans le camion!

IMG_0920[1]

Trop bogoss les nouveaux commerciaux!

Les noms des villages traversés nous collent à merveille: Plurien, Bouilli… Gérard, lui, ne compte pas escamoter l’étape. A Broons, il lance sa 238e attaque en six jours. Au total, il aura passé 429 km hors du peloton, dont 1,8 en tête. Il mérite bien son maillot du plus combatif. " Eh, les gars, plus ça va plus j’ai les jambes, lance-t-il. Encore deux-trois ans et je sens que peux être le premier Français à gagner le Tour depuis Bernard Hinault."

P1050763

Une vachement belle course!

A Saint-Ménéen-le-Grand, devant la maison de Louison Bobet, le peloton teste une nouvelle spécialité locale: la galette-saucisse sans saucisse. Gilles S. reste sur sa faim.

IMG_0924[1]

A Saint-Ménéen-le-Grand: "Vous seriez pas de l'Equipe par hasard?"

IMG_0928[1]

Devant la maison de Louison.

Plus on avale les kilomètres, plus le groupe est silencieux. On pédale comme on dévore un bon livre. Sans vouloir terminer, mais sans pouvoir s’arrêter. On sait qu’on s’approche de la fin. La vie " normale " va reprendre. Thierry pense à sa course du lendemain à Lille, Gérard au bouclage de France Foot et Damien cherche toujours un entraîneur pour le PSG.

P1050768

On passe le panneau Rennes groupé. Quelque part, un neuvième coureur franchit la ligne avec nous. (fin)

IMG_0940[1]

Les Chippendales en représentation unique à la gare de Rennes samedi soir...

 

Publicité
Publicité
25 mai 2013

Beau comme un camion

Vendredi 24 mai

5e étape

Ploumanach – Cap Fréhel : 172 km

trans2013

C’est un immense paradoxe, mais on l’assume pleinement. Nous sommes là d’abord pour faire du vélo, mais on est prêt à se battre pour avoir les clés du camion. Pendant des années, la régulation routière de la Trans était assurée par Laurent G. Quand il se levait de table en disant : " Je prends les clés du camion ", on sentait bien qu’il fallait pas trop moufter. Laurent, c’est le cador du camion. Entre nous, on le surnomme le Nijinski du J7. Un artiste. Personne ne monte dans le camion sans son aval. Une sorte de Don Corleone de la trans. Mais Laurent n’a pas pu venir. Officiellement parce qu’il avait piscine. Mais, à force de faire la cuisine toute la journée, certains le soupçonne de préparer en secret sa candidature à Top Chef. Laurent nous manque. Et, en son absence, le trafic de clé de camion est devenu totalement anarchique, livré à la guerre des gangs, aux snipers et aux coups les plus bas.

Et, au cinquième jour de la trans, les clés du camion sont notre bien le plus précieux.

C’est Patrick C. qui a lancé les hostilités ce matin, un peu avant le petit déj. " Eh les gars, j’ai super mal dormi, j’ai une tête de zombie, les fesses en compote et en plus j’ai un pneu dégonflé. Je crois que je vais prendre le camion ce matin. " Personne n’a répondu. C’est juste après avoir terminé sa huitième crêpe à la confiture, que Thierry s’est levé et, sans dire un mot, a mis les mains sur les clés. " Tu veux pas rouler au départ Thierry ? Tu sais c’est vraiment sympa de rouler au départ " a tenté Patrick un peu désespéré. Thierry, il cause pas beaucoup et avec son petit rictus, on a toujours l’impression qu’il sourit. Mais faut pas l’énerver. Vraiment pas. Une clé bras, deux béquilles dans les cuisses et une balayette plus tard, Patrick estimait que c’était tellement bien le départ à vélo qu’il allait lui-même en fait, même s’il avait un peu plus mal aux jambes encore, relatif aux béquilles.

trans2013 032

Partageons le sport et les clés du camion.

 

Le long de la plage de Perros-Guirec, Patrick interrogeait déjà ses petits camarades un après l’autre :

" Dis, tu sais combien de kilomètres on a fait ?

  • T’as pas de compteur ?
  • Ah si, si, j’ai ViaMichelin, Strava et le GPS sur mon téléphone…
  • Et ?
  • Ben là j’ai plus de batterie.
  • Ca va pour cette fois. On a fait 6,5 km
  • Et il en reste combien ?
  • Ben 165,5
  • Ah, ouai, c’est long quand même… "

trans2013 031

A Perros-Guirec. Encore 165,5 km à faire.

Poussés par le vent…. Ah non pardon (j’avais oublié qu’il n’y a JAMAIS de vent dans le dos pour les cyclistes)… Portés par notre forme physique exceptionnelle et notre talent incomparable, nous traversons les Côtes d’Armor à vive allure, sans même s’arrêter à Loquivy-de-la-mer chez Yoann R. ou à Launay chez Vincent H. Nous fonçons direct à Paimpol pour le premier ravito.

trans2013 037

Paimpol, une ville en fête pour voir passer la trans.

" On a fait combien de kilomètres ? s’inquiète Patrick.

  • 51
  • Et il en reste combien ?
  • Ben 121.
  • Oh lala. Dites les gars, je crois que ça serait vachement sympa que vous rouliez tous ensemble, tous ceux de l’Equipe. Hein, c’est cool ça. Moi c’est pas grave, je vais prendre le camion et je vous ferai plein de photos. Qu’est ce que vous pensez de ça les gars ? "

Une seconde de silence et Damien prend la parole :

" Tu sais Patrick, j’t’aime bien. Et puis je connais ton nom et ton adresse. Et j’ai aussi quelques amis serbes qui s’occupent des missions spéciales pour le service de renseignement de l’Emir du Qatar. Alors s’il te plait Patrick, laisse ces clés là où elles sont.

  • Non mais c’était juste pour vous faire plaisir. Ca vous ferait pas plaisir de rouler ensemble ?
  • Patrick… Tu tiens à ta famille, non ?
  • Ben oui un peu quand même.
  • Alors laisse ces clés, merci. " 

Il fout un peu les chocottes ce Damien. Et du coup, on comprend mieux pourquoi madame nous inonde de textos pour qu’on le pousse dans le ravin. Malheureusement, ici, y’a pas de ravin.

Avant de remonter sur son vélo, Patrick a de nouveau demandé : 

" On a fait combien de km au fait ?

  • Ben toujours 51 vu qu’on n’a pas encore bougé du resto
  • Ah oui, ça avance pas beaucoup tout de même."

trans2013 038

Non Damien, c'est pas la bonne carte.

On n’était pas trop rassuré de laisser le camion à Damien vu qu’il a du mal à distinguer la carte du nord et celle du sud de la Bretagne, et qu’en conduisant, il envoie des textos, téléphone à Capello et écrit des papier tout en tapant sérieusement dans nos réserves de nourritures. Mais il a quand même réussi à nous sortir de Saint-Brieuc, et ça c’était pas gagné d’avance.

trans2013 040

Ca négocie sec pour les clés du camion.

A Yffiniac, la patrie de Bernard Hinaut, Patrick a cru déceler une nouvelle ouverture.

trans2013 041

A Yffiniac, on a collé Bernard Hinault au mur. Il faisait moins le malin le Breton.

"On a fait combien de kilomètres là ?

  • 116.
  • Et il en reste combien ?
  • 56
  • Quand même. Bon là, les gars, là il pleut et moi je suis vraiment un mec du soleil. En plus le Cap Fréhel je l’ai déjà vu, je connais. Le mieux, c’est que je prenne le camion, comme ça vous pourrez apprécier la vue, moi c’est pas grave, je me sacrifie.
  • Tu touches à ces clés, t’es viré.
  • Mais Gérard, je suis le seul à pas être de l’Equipe. Tu peux pas me virer.
  • On connaît du monde dans la presse.
  • Mais j’ai monté ma boîte, je suis mon propre patron…
  • Raison de plus. Tu vas voir comme ça va te faire mal de te virer toi-même. Tu touches à ces clés, c’est pôle emploi direct. "

trans2013 039

Ouf, enfin une pharmacie d'ouverte...

Il savait plus trop quoi dire Patrick. Alors, il est remonté sur son vélo, pédalant comme un métronome, le regard perdu dans le vide. Il a traversé les bourrasques de vent aux abords du Cap Fréhel comme un automate.

trans2013 043

Patrick prépare un coup...

Et a 500 mètres de la ligne, qui a déboîté pour régler tout le monde sprint ? Patrick ! ! ! !

" Putain les gars, vous avez vu ce que je vous ai mis ? Ah j’avais des jambes de feu aujourd’hui…. " (à suivre)

 

trans2013 042

Pas mal l'arrivée au Cap-Fréhel.

 

trans2013 044

trans2013 045

trans2013 046

trans2013 047

24 mai 2013

Le nouveau cannibal?

Jeudi 23 mai
Lilia – Ploumanach : 130 km et des poussières
Le plus difficile au matin du quatrième jour c’est de poser son portérieur tout sensible sur une selle toute dure. Une fois cette corvée passée, le reste c’est (presque) de la rigolade. Aujourd’hui, le vent qui soufflait par bourrasques hier, est tombé. Si, si. Il n’a donc strictement aucune influence sur les 26km parcourus dans la première heure. Là c’est notre entraînement pointilleux et notre hygiène de vie irréprochable qui conditionnent une telle performance. Dans le peloton, on entend déjà fuser les: "putain j’ai des jambes de feu aujourd’hui, qu’est ce que je vais leurs mettre!" Gérard lance un avertissement collectif : " Roulez pas comme ça les gars sinon on va arriver trop tôt à l’hôtel. Ils auront même pas fait les lits!!". Mais personne ne l’écoute. Mû par une rancœur tenace, une vieille histoire de vent, déjà, toujours pas digérée, Damien D. décide de durcir la course très vite et lance son fidèle grégario Régis D. (précision: ils portent effectivement le même nom, mais ils ont certifié ne pas être ensemble. Bien qu’ils aient dormi dans le même lit… Avec les jeunes de maintenant on ne sait vraiment plus quoi penser…). Régis D. place donc une grosse minasse qui éparpille le peloton. Les plus expérimentés restent à l’arrière sans s’inquiéter de cette échappée matinale qui n’ira pas loin vu "que de toutes façons ils connaissent pas le parcours alors… " (mais en fait, personne ne connaît vraiment le parcours). Après avoir compté 16’37 d’avance, l’échappée est effectivement reprise à un carrefour mal fléché à l’orée de la forêt de Brocéliande. Porté par la poésie du lieu, le peloton se plonge dans un certaine rêverie mélancolique et flâne à travers les bois à la recherche d’un authentique Leroy Merlin.
"Mais t’es con ou quoi? C’est pas ici la forêt de Brocéliande
  • Ah bon, vous êtes sûrs ? Parce qu’on est pas en Bretagne ici ?
  • Ben si
  • Et y’a pas des arbres ?
  • Ben si
  • Alors c’est quoi le problème ?
  • Ben c’est pas la forêt de Brocéliande c’est tout. C’est pas ici, point.
  • Alors la rêverie, la poésie du lieu et Leroy Merlin, tout ça c’est des conneries ?
  • Ben oui.
  • Oh mince, la grosse boulette. Dites les gars, si possible j’aimerais bien que cet épisode ne figure pas sur le blog hein. On pourrait étouffer l’affaire, non ?
  • T’inquiètes pas, tu peux compter sur nous, personne n’en saura jamais rien. On enterre le truc en puis c’est tout, parole d’honneur."
Bref, le peloton musardait en papotant dans une ambiance de franche camaraderie. Damien D. cherchait un coach pour le PSG, Patrick C. tentait d’expliquer comment il avait pu se perdre la veille en tournant autour d’un rond-point pendant 27 minutes et Thierry… Ben merde il est où Thierry ? Thierry, donc, contrôlait l’ensemble du peloton depuis un poste stratégique très reculé. Ca sentait l’étape de transition à plein nez. C’était sans compter sur le panache à l’état pur. Tapi dans l’ombre à l’arrière du groupe et muet depuis au moins 28 secondes pour se faire oublier, Gérard plaçait un de ces démarrages qui marque l’histoire du cyclisme. Le signe d’un immense champion, vexé par les critiques d’une certaine presse après sa soit disant défaillance de la veille dans l’ascension du Menez hom. Sans un regard pour le peloton, il fendait la route lançant juste "bon les gars, j’ai pas que ça à foutre, il faut que je sois à l’heure pour voir jouer les filles de l’OL." Rapidement, il prit 20 mètres d’avance, puis 21, puis 22, jusqu’à 23,70 m (avance maximale) sur un peloton subjugué par tant de bravoure et conscient de vivre un moment d’histoire. Quelques équipiers, chantres de pratiques d’un autre temps, proposèrent bien des valises de billets au reste de la troupe pour lever le pied. Mais tous refusèrent, Damien ajoutant même : " on peut pas aller moins vite sinon on tombe ". Les jambes de Gérard tournaient au rythme d’un stacatto vibrant, voir même de stacatti. La victoire ne pouvait lui échapper. Malheureusement, dans son souci de perfection, Gérard, pour s'alléger et mettre toutes les chances de son côté, avait laissé dans le camion, ses lunettes et toute forme de sens de l’orientation. A six kilomètres de Morlaix, il ratait le panneau indiquant la direction à gauche et mettait fin de facto à une belle épopée. Emu, le commissaire de course lui accordait 8 minutes 37 de bonification et la victoire d’étape. Gérard prend donc le maillot de leader, le maillot du meilleur grimpeur, celui du baroudeur, du puncheur, du classement par équipe, du meilleur jeune, du meilleur vieux et même le maillot de bain de Thierry. " Il va pas avoir un peu chaud avec tous ces maillots ? " lance une voix compatissante dans le peloton pendant que Gérard répond à la presse. " Je suis une sorte d’anomalie de la nature, dit-il humblement. A tous les tests, sanguin, cardiaque, aérobique, anaérobique, je suis le plus nul, partout. Et pourtant, sur la route je les massacre. C’est comme ça, c’est la nature, ils peuvent rien y faire. Mais je ne suis pas le nouveau cannibale, je leur laisserai gagner des critériums."
Après une frugale collation à base essentiellement de saucisses et de chantilly, le peloton pouvait reprendre sa route. La fin d’étape était juste marquée par les numéros de Damien dans les bosses. S’il n’avait pas 3 jours 8 minutes et 37 secondes de retard, il aurait presque pu jouer le général. A quelques kilomètres de l’arrivée, Gérard tentait un nouveau coup d’éclat. Perdant tout le monde dans les rues de Lannion avec une facilité déconcertante, il se voyait déjà accueillir ses petits camarades au bar de l’hôtel, sirotant un Perrier-menthe bien corsé en regardant le foot. Le sort en a encore décidé autrement. "Je comprends pas. La dame dans le téléphone m’a dit de tourner à droite et je me suis retrouvé à Tregastel " déclarait Gérard après avoir coupé le moteur du camion. Bon dernier de l’étape, il n’est pas encore assuré de la victoire finale à la veille de l’étape reine du Cap Fréhel (à suivre).
23 mai 2013

Prendre un vent

Mercredi 22 mai 2013

3e étape

Bénodet – Lilia (142,7 km km selon le road-book, 154,88 au compteur)

trans2013 004

Incroyable: la Bretagne sous le soleil!

On a du mal à y croire nous même, mais ce matin nous sommes partis en retard parce que avait perdu… la crème solaire. Oui, oui, la crème solaire, le vieux tube qu’on avait acheté il y a deux ans avant de faire les Pyrénées et qui n’est même pas ouvert vu qu’il avait plu pendant cinq jours. Thierry demande si c’est encore valable. La troupe assure qu’il n’y a aucun problème, qu’il va arrêter de faire sa chochotte et pis c’est tout !

P1050583

La crème solaire, c'était pas une bonne idée.

 

Pour bien comprendre les évènements du jour , il faut d’abord faire un petit point pour les néophytes sur la pratique du vélo. Le pire ennemi du cycliste, c’est le vent. Enfin avec la pente, le surpoids, l’absence totale d’entraînement, les bières d’hier soir et le kouign aman. Mais bon, nous, on a décrété que notre pire ennemi, le seul responsable de nos moyennes faméliques, c’est le vent. Sans le vent on ferait facilement du… enfin on irait beaucoup plus vite.

P1050577

Le vent des cyclistes.

Pour les non-initiés, il faut savoir que le vent des cyclistes n’a pas grand chose à voir avec le vent réel. Déjà il est plus fort, beaucoup plus fort. Ensuite le vent des cyclistes est toujours " dans la gueule ". A la limite trois quart face. Le cycliste n’a JAMAIS le vent dans le dos. Si ce cas de figure se présente, le vent devient alors un élément naturel annexe dont l’influence sur ses performances, soudainement faramineuses, est pour ainsi dire négligeable. La phrase favorite du cycliste qui a le vent dans le dos est: "putain j’ai des jambes de feu qu’est ce que je vais leur mettre ! " ? Sans se douter que tout le monde se dit ça.

Le vent " dans la gueule ", que nous avons eu toute la journée, est un facteur de zizanie important dans le peloton. Ceux qui sont derrière, en roue libre, se demandent pourquoi le boulet de devant ne roule pas plus vite. Et celui de devant se demande pourquoi les boulets de derrière ne veulent pas prendre le relais alors qu’il fait tout pour rouler le plus doucement possible. Le cycliste étant, par nature, un peu fourbe et hypocrite, il passe son temps à chercher à se planquer derrière ses petits camarades, pour qu’ils se prennent le maximum de vent dans la gueule et que lui reste peinard pour pouvoir les enfumer à l’arrivée.

 Pour les néophytes voici quelques exemples de roues à suivre. Ou non.

1. L’OPTION PREMIUM

 trans2013 007

C’est la Rolls-Royce de l’abris à vent. Il est aussi large que haut et surtout très dense. Pas un souffle ne transperce. Vous êtes calés comme derrière un 35 tonnes lancé à pleine vitesse, le bruit et les odeurs en moins (quoique…).

 

2. L’OPTION " CLASSIC "

trans2013 006

Evidemment vous aurez moins d’avantages que précédemment, mais cet abris à vent reste très fiable et très confortable. Vous pourrez vous restaurer sans soucis malgré quelques petites imperfections dans l’armure. Un modèle très sûr. Un classic de notre gamme.

 

3. L’OPTION " BASIC "

 trans2013 005

C’est l’entrée de gamme de l’abris à vent. Forcément, on ne vous le cache pas, vous en aurez pour votre argent. " Ca ou rien c’est pareil " disent certains dans le peloton tellement l’abris laisse passer les courants d’air, entre les bras et le torse et même parfois à travers le corps. Vous pourrez peut-être prendre deux minutes pour boire un coup si vous arrivez à rouler aussi doucement sans tomber. Un modèle de base qui a donc tout du modèle de base.

Tout ceci pour expliquer notre moyenne pitoyable à l’arrivée à Locronan. 21,5 km/h

" Quoi ? C’est pas possible, tonne Gilles S. Ton compteur doit déconner, tu t’es trompé.

- Ah oui, t’as raison c’est vrai j’avais mal lu, en fait c’est 21,1 km. "

P1050600

Premier secteur pavé à Locronan.

Dès le km 3 Thierry avait commencé à se sentir assez mal. Les jambes qui chauffent, le nez qui brûle et les oreilles rouges. C’est officiel donc, la crème solaire avait beaucoup plus que deux ans. Et nous avons découvert qu’on nous avait raconté des sacrés bobards sur la Bretagne. "Il pleut tout le temps et c’est tout plat." Tu parles Charles. On crève de chaud et on a avalé 1700m de dénivelée positive dans la journée. Ca fait plus que le Tourmalet quand même. On a même grimpé un col, le Menez hom dont la cime culmine tout de même à 330m.

P1050626

Fausto Coppi dans le Galibier (image colorisée).

P1050643

Un concurrent (très) légèrement en difficulté.

Et à chaque virage, le vent nous piste pour se remettre pile poil dans notre gueule. Le groupe perd toute forme de lucidité. Il perd même un élément, Patrick C. égaré dans un petit port de pêche sans téléphone, sans argent et sans carte (ni bancaire, ni routière) (note à sa famille : on a fini par le retrouver. Il est toujours un peu choqué par son contact avec les autochtones, mais il va bien, il a repris ses esprits et trois bières. Il sera sur la route demain.). A l’arrivée à l’hôtel, nous attendent deux nouveaux éléments : Damien et Régis D. (qui portent le même nom même s’ils ne sont pas encore mariés). " Eh les gars, nous, on a fait 600 km depuis Paris avec le vent dans le nez. Alors vous nous faites rigoler avec vos 155 bornes… " Quelque chose nous dit que c’est pas tout à fait pareil en TGV. Demain, ça va saigner pour les nouveaux ! (à suivre)

 

trans2013 012trans2013 014

On a retrouvé Yannick Agnel avant son départ pour les "States".

 

P1050658

Leçon numéro 69 (bis): "Lui en faire voir de toutes les couleurs."

 

22 mai 2013

Plus fort que le Giro

 

Mardi 21 mai 2013

2e étape : Carnac – Bénodet (120 km selon le roadbook, 128 en fait)

Depuis toujours, le cyclisme c'est aussi l'art de la combinazione, celle qui rend le Giro palpitant. La trans n'échappe pas à la règle. Sauf qu'ici comme tout le monde change de maillot tous les jours, c'est beaucoup plus difficile de reconnaître son équipe. Sans compter que faire des équipes à 5 c'est pas évident. 

La journée avait pourtant bien commencé par une petite séance culturelle devant des menhirs taillés par quelques Obelix atrophiés et sous un beau soleil breton. " Mais ça leur servait à quoi d’aligner des cailloux comme ça ?" s’interroge Gilles C. Ce à quoi Gérard répond "qu’on en sait rien et que de toutes façons, au même moment les Egyptiens construisaient des pyramides et c’est la preuve qu’ils devaient pas être bien malins ces Gaulois. Très surfaits même. "

P1050530

Des rocs devant des menhirs

Mais la course prend vite une tournure plus malsaine quand Gérard, par une manœuvre un peu fourbe, s’impose au classement du grimpeur du pont de Kergo qui culmine à 27 m au-dessus du niveau de la mer. " C’est bon les gars, j’ai refait tous les calculs : j’ai 0,5 point au classement des grimpeurs et vous tous 0. Donc je prends le maillot et comme y’a plus de côtes, je le garde jusqu’à Paris. " Dans la forêt de Kervignac, un Bianchi tente une échappée. Il est vite rappelé à l’ordre sous la menace: " Oh le petit bleu là. Reviens tout de suite. Si tu cours pas avec ta tête, on va pas renouveler ton contrat. " C’est l’un des paradoxe du vélo : on a beau courir avec sa tête, on finit toujours par avoir mal au cul. La troupe reprend donc son allure à la moyenne, très peu stupéfiante de 23,1 km/h, signe évident que le cyclisme dit à l’ancienne a encore de beaux jours devant lui. De jours très longs même.

P1050537

Un peloton (presque) groupé. Une image rare.

 

trans2013 002

Gérard sème la zizanie au pont de Kergo.

Les tensions s’apaisent au ravito de Guidel. Chacun engloutit un sandwich au parfum indéterminé, une demie baguette nature, un bout de croque-monsieur, un éclair à la vanille et deux pains au chocolat. Avec la galette (obligatoire) à Pont-Aven, on peut dire que notre campagne de réhabilitation du gluten, injustement décrié, tourne à plein régime.

P1050549P1050557

Le gluten c'est fantastique!

La course reprend ses droits sur la route de Concarneau. Gérard s’installe derrière Matthieu et Patrick. 175 kg de bidoche pour le protéger du vent. " C’est bon les gars, je sens qu’aujourd’hui c’est mon jour. Je vais gagner dans un fauteuil. " Il se laisse pourtant décrocher, les rouges ayant décidé de contrôle la course de derrière. Très loin derrière même.

trans2013 003

Le peloton à contre-sens. Ils ne sont pas prêts de nous revoir!!

C'est le mésentente total. Plus personne ne sait qui roule pour qui. Le peloton est déjà largement étiré quand il est surpris à la sortie de Concarneau au lieu-dit Beg-Menez. Soudain, face à nous, une pente ou plutôt un mur : 15% de moyenne. Ca râle sec. " C’est la Bretagne ou c’est les Alpes ? " peste une voix indéterminée. A l’arrière, Gérard hurle : "Ca compte pas pour les grimpeurs, je garde le maillot. " Gilles C., lui reste bloqué sur le grand plateeau, ce qui rend sa progression très aléatoire. "Il porte accusations très grave : " c’est du sabotage, on a trafiqué mon vélo. " Une enquête est ouverte, mais il en profite tout de même pour monter dans le camion.

 

trans2013 001

Leçon numéro 69: "Lui faire perdre les pédales..."

La descente vermiculaire vers Bénodet est comme un soulagement pour les rescapés aux visages christiques. Gérard arrive bien dans un fauteuil. Celui du camion. (à suivre)  

Publicité
Publicité
21 mai 2013

A côté de leurs pompes!

 

 Lundi 20 mai. 1ère étape Messac – Carnac (118 km selon le roadbook, 140 au moins pour de vrai)

 

Dimanche soir à la créperie du port à Messac. Réunion de crise.

- Bon les gars, j’ai pensé à prendre des surchaussures pour la pluie….

- (en chœur) C’est bien!

- …. J’ai pensé à prendre des nouvelles cales pour chaussures au cas où…

- (en chœur) c’est bien !

- …. J’ai pensé à prendre un tourne-vis pour dévisser les cales de chaussures au cas où…

- (en chœur) C’est bien !

- …. Le seul truc que j’ai oublié en fait, c’est les chaussures !

- (silence) Oh putain, ça va te faire long 850 km à conduire le camion….


On est dimanche soir, demain c’est lundi de Pentecôte et on est à Messac. C’est pas gagné de trouver des chaussures de vélo en 45 avec des cales-pied Look….

 

P1050472

Tous sur la Vilaine!

La lumière vient de Gilles qui se souvient soudain que par un miracle inexplicable, comme souvent sont les miracles, il a pris deux paires. Bon c’est du 46, on flotte un peu dedans, et elles sont rouge vif, mais franchement, c’est pas le moment de faire son difficile. La punition pour l’étourdi : conduire le camion pour la première demie journée.

Le départ " fictif " de la trans Bretagne est donc donné normalement le lundi 20 mai à 10h30 à Messac, la patrie de Philippe Le Men. On commence par passer sur la Vilaine. " Et c’est pas la première fois " lance une voix, impossible à identifier, du peloton.

 

P1050516

Km 2,8: la première défaillance de Gérard dans une pente terrible.

On se perd un peu, on se fait attaquer par un âne, Gérard connaît sa première défaillance, rien de bien extraordinaire en fait, mais après 1h17 pour 5,8 km, on finit tout de même par trouver la maison familiale " Le Men " à La Bûchère. Simone et Jacqueline ont préparé un bon café chaud. On refait le monde, et Philippe surtout. Puis, sa mère et sa femme donnent le départ réel.

P1050489
Photo de famille chez les Le Men juste avant le départ.

La traversée de Questembert au km 55 est un camouflet pour toute la prétendue technologie moderne. Au premier rond-point, le GPS, d’une marque que nous ne nommerons pas, mais qui sponsorise une grande équipe cycliste, au premier rond-point donc, ledit GPS, perd totalement les pédales. Nous errons en rond dans la ville durant de longues minutes, attendant une idée lumineuse et une indication censée d’une machine devenue folle. Malgré des réticences inquiètes – du genre " mais ces gens-là ne sont comme pas nous, ils vivent avec des vaches " -, nous optons bravement pour une solution révolutionnaire: le questionnagedelautoctone.0. En deux temps, nous voilà remis sur la bonne route et nous pouvons nous féliciter de cette avancée décisive dans la technologie cycliste. Tout va bien jusqu’à Vannes, où le GSP susnommé nous expédie pile-poil en plein milieu de la zone industrielle que nous voulions éviter. Coincés entre un Mc DO et un Fly. Nous rêvions d’embruns qui viennent mourir sur les jambes, de l’odeur de l’iode plein les narines et des grains de sables collés sur les visages, et on se retrouve à Vélizy 2. "La Bretagne c’est vachement surfait en fait, lâche un énervé. Il pleut même pas, le vent c’est à peine une petite brise et y’a même pas la mer. " Certains menacent de faire demi-tour alors que d’autres s’arrêteraient bien pour faire les soldes.

P1050510

"C'est par là!" "T'es vraiment sûr de ça?"

La tension atteint son comble quand la maudite machine nous expédie sur une quatre voies à Auray. " C’est pas interdit pour les vélos!" lance un indécrottable thuriféraire des " nouvelles " technologies.

 " Oui, enfin c’est pas conseillé non plus…. "

Le groupe semble au bord de l’implosion, quand la vague odeur de purin qui nous englobe depuis le départ, se teinte d’effluves d’océan. Mais oui, ça sent la mer ! Revigorée, la troupe fonce plein sud. On laisse la Trinitée-sur-mer à tribord, sans même se retourner sur ses charmes et ses mystères. On avale la route au milieu des menhirs. Comme le cyclisme est le monde de l’exagération, certains se souviennent même être passés par ici, avant qu’ils ne soient installés. A voir leur tête à l’arrivée, on finit par les croire. Soudain, au bout de la rue : la mer. Et une créperie… (à suivre)

P1050523

Un grain de sable s'est glissé dans l'équipe.

 

 

18 mai 2013

Fenomenale!

554344_MAO_001

 

SUR LA ROUTE DE MESSAC
 
On ne peut pas s’empêcher de penser à lui sur la route de Messac. A lui et à ses sacs. C’est vrai, en homme organisé et prévoyant, Philippe avait des sacs pour tout. Un grand de voyage, déjà. Vide en général. Et une kyrelle de petits en plastique blanc. Un pour le linge propre, un pour le linge sale, un pour le linge propre et sale, un pour le linge propre/sale et/ou mouillé/sec ou le contraire, un pour les chaussettes et la carte d'identité, un pour les slips, les bidons de vélo et la carte bleue – ah non, plus la carte bleue. " Mais où est-ce que je l’ai mise ma carte bleue? Quelqu’un aurait pas vu ma carte bleue? Je comprends pas, je l’avais pourtant bien rangée dans un sac plastique blanc… " - et enfin un pour les clés, les T-shirts et les bananes écrasées, le téléphone ayant disparu depuis trop longtemps pour espérer être retrouvé. Alors on se demande à quoi va ressembler le camion sans celui qui en occupait jusqu’au moindre recoin? Qui va maintenant essorer ses gants trempés sur notre dernier T-shirt sec? Ou qui va ranger son casque plein de sueur dans le panier à picnic?

554344_mao_095

Philippe était un cycliste un peu lunaire qui se souvenait de chaque bout de route emprunté par le Tour de France lors d’une étape de plaine en 1953 mais qui pouvait aussi oublier son vélo dans sa chambre au moment du départ. C’était le seul qui pouvait se perdre au beau milieu d’un peloton, tête en l’air attirée par un chemin de traverse, et faire 20 bornes dans la mauvaise direction en se demandant où nous avions bien pu passer. Pour terminer à table chez l’habitant charmé par son éternel sourire, et nouvel ami pour la vie. Un personnage tellement à part que nous lui avions trouvé ce surnom : Fenomeno. Pour la première fois depuis 8 ans, il n’est pas au départ de la " trans’ ". Et sur la route de Messac, c’est nous qui sommes un peu perdus.

 

Publicité
Publicité
transfenomenale
Publicité
Archives
Publicité